La NASA en crise : jamais son budget n'avait été aussi bas, beaucoup de missions à l'abandon
La NASA doit faire face à un budget au plus bas depuis 1961, avec environ 25 % d'argent en moins. Ces coupes mèneront à l'abandon de missions en cours, comme à d'autres à court et moyen termes. Make America great again, vraiment ?
Infographie des missions que la NASA devra annuler en cas d'adoption du budget proposé par la Maison Blanche (celles en collaboration, notamment avec l'ESA, sont signalées par un astérisque). © Paul Byrne
L'agence spatiale des États-Unis ne sera peut-être plus jamais comme avant. Le leadership mondial de la NASA dans les domaines des sciences astronomiques et spatiales semble plus que jamais remis en question. Effectivement, la Maison Blanche du président Donald Trump vient de renoncer à proposer Jared Isaacman, un proche d'Elon Musk, comme administrateur de l'agence, alors qu'il était soutenu par les démocrates et républicains. Raison invoquée, il ne soutiendrait pas suffisamment la politique de réduction des dépenses voulue par le locataire du bureau ovale.
Si accepté par le Congrès étasunien, le budget de la NASA proposé par le gouvernement fédéral deviendrait le plus faible depuis 1961. Il passerait alors d'une enveloppe de 25 milliards de dollars à 19 milliards, soit une réduction de 24%.
La NASA tente de tenir tête à Donald Trump
Les missions planétaires barrées de rouge pourraient être abandonnées. © Tuttle Keane
L'agence spatiale lance donc un grand signal d'alarme et montre tout ce qui devrait être abandonné en cas d'adoption de ce budget très restreint. Comme indiqué sur l'infographie ci-dessus, les missions dites planétaires seraient concernées au premier chef. Parmi les plus connues, Juno, actuellement en orbite autour de la géante gazeuse Jupiter. Cette sonde a certes terminé sa mission primaire, mais a jusqu'ici vu ses observations prolongées chaque année. Autre source de désespoir pour les planétologues, le retour d'échantillons martiens prélevés par le rover Perseverance serait abandonné.
Oubliées également, les velléités d'établissement d'une présence étasunienne pérenne sur la Lune. Conséquence potentielle de l'assèchement financier de la Nasa, la station spatiale orbitale Luna Gateway ne verrait jamais le jour. Le lanceur superlourd SLS, lui, serait annulé après Artemis III.
Du côté de la science astrophysique, voici une autre infographie qui montre l'étendue des dégâts :
Infographie des missions astrophysiques abandonnées pour respecter la proposition de budget pour la NASA. Certaines missions, comme Euclid, sont des collaborations avec d'autres agences mondiales. © Laura Lopez
Ici, le budget du Nancy Grace Roman Telescope, futur grand de l'observation de l'Univers, serait divisé par deux. Par ailleurs, on assisterait à l'abandon total de la collaboration LISA, qui vise à construire un interféromètre en orbite afin d'étudier les ondes gravitationnelles encore plus finement que les actuels détecteurs LIGO-VIRGO. De manière générale, toutes les collaborations internationales seraient amputées, comme celles avec l'agence européenne ESA qui, elle-même, a rompu en 2022 ses relations avec la russe Roscosmos et devrait lorgner davantage l'Asie (Chine, Japon, Inde).
Avec quasiment toutes les dépenses futures sur les projets scientifiques divisées par deux, les bonnes nouvelles sont très rares. Motifs de (léger) soulagement, on assisterait au maintien du programme Dragonfly, ainsi que 864 millions de dollars alloués pour commencer à travailler sur une mission martienne habitée. Comme un cadeau d'adieu à Elon Musk ?
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